Santé mentale au travail : 5 questions à Damien Delvaux, président du cabinet Eleas
Grande cause nationale 2025, la santé mentale fait l’objet d’un plan d’action gouvernemental pour déstigmatiser, mieux prévenir, améliorer l’accès aux soins et accompagner les personnes concernées. À l’occasion de la journée mondiale de la Santé le 7 avril, Mitwit s’intéresse à cette problématique en entreprise. Damien Delvaux, président du cabinet Éléas spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux, revient sur cet enjeu majeur et la manière dont les coworkings et espaces de travail partagés contribuent à la prévention.

Interview avec damien delvaux : Pourquoi la santé mentale au travail est une priorité en 2025 ?
Burn-out, détresse psychologique, perte de sens… La santé mentale est devenue un enjeu central pour les entreprises. Et pour cause : en 2025, 1 salarié français sur 10 serait en burn-out sévère, et 42 % souffriraient d’une forme de mal-être psychologique lié au travail.
Comment les entreprises peuvent-elles faire face à cette crise silencieuse ? Quelles sont les solutions concrètes à mettre en place pour prévenir l’épuisement et maintenir le lien social ?
Damien Delvaux est président du cabinet Eléas, cabinet spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux (RPS) et la promotion de la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QCVT). Dans cet entretien, il dresse un état des lieux de la santé mentale des actifs en 2025 et partage des pistes pour bâtir un environnement de travail plus humain.
En matière de santé mentale au travail, quel état des lieux dressez-vous en 2025 ?
Toutes les études confirment qu’il s’agit d’un sujet tout sauf anecdotique. 1 salarié français sur 10 serait en burn-out sévère et 42 % seraient en détresse psychologique au travail. La bonne nouvelle, c’est que la problématique est enfin prise en compte après des années de progression constante, en raison notamment d’un rapport au travail qui évolue. Le monde professionnel s’accélère, encore plus depuis la crise du Covid. Au travail, les délais se réduisent pour accomplir des tâches de plus en plus complexes, alors même que l’humain est mis en concurrence avec la technologie. Les entreprises elles-mêmes sont confrontées à un environnement toujours plus compétitif, avec l’obligation de se réinventer en permanence… et donc de se réorganiser. Bien sûr, cela se répercute sur les salariés. Il y a encore quelques années, le travail véhiculait l’idée de progrès pour la société dans son ensemble. Il se heurte désormais au questionnement sur les technologies et au changement climatique, avec des théories de décroissance qui se diffusent. Cela bouleverse le rapport au travail et fragilise des salariés en proie au doute.
Face à cette situation multifactorielle, quelles réponses apporter ?
La législation se structure avec des mesures contre le harcèlement, la prise en charge des risques psychosociaux au même titre que les risques « physiques » dans les plans de préventions (DUERP), l’obligation de disposer de référents dans les entreprises ou encore l’accompagnement psychologique obligatoire en cas de plan de licenciement. Mais la réponse n’est pas que légale. Elle se trouve également au niveau de chaque organisation. Le télétravail en fait partie. Accéléré par le COVID, il est devenu la norme – au moins quelques jours par semaine – dans de nombreuses entreprises. Il contribue à alléger la charge mentale des salariés, en leur évitant des temps de transports, mais aussi sur des aspects très basiques comme la possibilité d’organiser facilement la livraison d’un colis, sans devoir le récupérer le soir ou le week-end. Un exemple qui paraît anodin mais qui participe à faciliter le quotidien.
Mais le télétravail n’est pas non plus une solution miracle ?
Non, surtout s’il est mal géré. Le télétravail risque alors de créer un isolement et couper le salarié de son organisation. Le collectif n’est pas à négliger ! C’est à l’entreprise et au manager de s’assurer de préserver le lien, d’échanger régulièrement avec le travailleur à distance et de le maintenir dans le collectif. C’est indispensable au fonctionnement de l’organisation comme de l’individu ! Pour cette raison, les coworkings et espaces de travail partagés pour les salariés en télétravail concilient travail à distance et maintien du lien. En plus d’offrir un cadre parfaitement adapté, avec tous les équipements nécessaires à un travail dans de bonnes conditions, il propose aussi des services et favorise les échanges, même succincts, avec d’autres utilisateurs.
Et qu’en est-il des indépendants ?
Les enjeux sont similaires… sauf que les indépendants n’ont pas de manager pour veiller sur eux et s’assurer que tout va bien ! Par définition, les risques sont donc encore plus élevés. Et dans un contexte chahuté par des incertitudes économiques, géopolitiques et climatiques, la pression sur les épaules de l’indépendant est encore plus forte. Il doit agir dans un environnement toujours plus complexe et se montrer « bon en tout ». Avec un risque d’isolement qui le fragilise. C’est pourquoi travailler depuis un coworking permet de sortir de sa bulle et de se trouver à proximité de ses pairs. Une simple présence suffit parfois à rassurer ! Parmi les pistes à privilégier : un espace de coworking qui propose un service de veille et d’accompagnement, pour prévenir et éviter l’isolement.
Quels signaux doivent alerter ?
Apathie, manque de sommeil, trouble de l’appétit, irritabilité… Autant de signes à suivre de très près, qui s’assimilent à une dépression ou à un burn-out. De façon générale, tout ce qui indique un isolement doit alerter, d’où l’importance du lien social pour préserver sa santé mentale ! Le coworking fait précisément partie des remparts à ces situations.
Santé mental au travail : les chiffres clés
